"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant où l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses" (Milan Kundera, La vie est ailleurs)

jeudi 26 avril 2012

Les chants maori résonnent dans Chistchurch, encore insouciante


Peu après notre passage sur les terres d' Ōtautahi, le sol tremblera trois fois et près de deux cent personnes perdront la vie dans cette petite ville du bout du monde. L'église de Christchurch, à quelques pas de ces maori qui chantent sera détruite.Colère des dieux polynésiens?

lundi 14 juin 2010

Ils ont volé Barbie Jef

Iguazu, Argentina.

Nous revenons du Brésil. Une parenthèse aquatique, un rêve terrestre. Nous revenons des chutes d'Iguazu. La beauté n'a pas de pourquoi. Elle est devant nous,assourdissante. Elle nous engloutit sous ces masses d'eau que l'on regarde tomber sous les arcs en ciel saturés de couleurs.
Une beauté brute, puissante, effrayante. On boit des yeux ce paysage pendant des heures, contemplatifs. Deux enfants...

De retour en Argentine, à Puerto Iguazu, une ville sans charme, on laisse ce rêve géographique derrière nous et l'on decouvre le cauchemar de notre bonne réalité de routard: pendant notre absence, nos collacataires de chambrée, trois jeunes argentins de la Plata, vampires de night club, sortant la nuit et se cachant sous les draps au lever du soleil ont deserté les lieux.
Ils ont pris le soin quelques heures avant de fracturer nos casiers et de dérober notre maigre butin d'argent et de souvenirs.

Mais ils ont fait cela dans les règles. Nos gros sacs ont été certes fouillés mais ensuite reconstitués et même refermés avec soin.

Les photos des porte-feuilles ont été extraites et laissées dans les casiers (sentimentaux les ptits gars)
Pourquoi, en revanche, nous voler mon caleCons Puma du Vietnam à 10 centimes et le short "kooksliver" de Jonas(qui lui faisait le cul de Miss Dominique).

Mais le bouquet(Carole), c'est le vol intolérable de notre mascotte.
Non là c'est insupportable! Pas Barbie Jef !

Depuis Tahiti Barbie Jef nous accompagne sur les routes, accrochée au sac de Jonas, entre la gourde et la boussole, capitaine de notre galère.

Elle faisait notre fierté. Elle était notre ménage à trois, notre coquine-pocket, notre Mariane moderne, loin des Ken et des BMW, femme libérée, affichant au monde sa nudité plastique. Tes formes célestes t'ont trahie pauvre poupée... Ils n'ont pas su resister.

Où es tu Barbie Jef? Prostituée dans les favelas de Rio?

Torturée par des mercenaires en attente de ranCon?

Vendue à des enfants riches, des enfants cruels qui te martyrisent, qui te travestissent et te coupent ces jolies mèches rebelles, celles qui te donnaient ce charme éléctrique?

Ou es-tu notre beauté vulgaire? Tu pries dans la jungle?
Nous n'avons même pas pu te mentionner dans le procès verbal dressé par la police, un vrai scandale! Mais que fait la police?

Nous allons diffuser sa photo. Si quelqu'un sait quelque chose, le moindre indice, merci de nous contacter.

vendredi 11 juin 2010

Les bleus dans les yeux

Aujourd'hui débute la Coupe du Monde... Difficile d'échapper à cet évènement.
Alors oui, avec Jonas nous avons décidé de vivre le premier match de l'équipe de France à Montevideo, en Uruguay, chez l'adversaire. Avec le risque de goûter à la violence sud-américaine, et de revenir couverts de bleus.

Nous allons essayer de choper l'envoyé spécial de TF1. OUi Patrickkkk

Bon match, Ouhhh Govouuuu

samedi 5 juin 2010

Aux frontières du monde

Choisissez une nuit bleue de sueur et d’alcool,
Sa robe blanche tachée de lumière et de danse.
De préférence un samedi aux rues mures et denses
De jambes pressées et de sourires que l’on vole

Ajoutez musique, jupes et pourquoi pas des cons,
Pour un mélange crédible, un décor réel.
Versez deux français ayant loupé leur avion
Qui brassent le désordre, le citron et le sel.

Ils célèbrent ce pays, ils célèbrent ses îles
Qui s’embrassent tendrement aux frontières du monde
Ses reliefs, ses formes que leurs verres sourds inondent
Beauté sauvage dans cette foule de vulgaires filles

Saupoudrez d’euphorie le four de la nuit
Que s’excitent les corps sur le sol sucré
Fondre subtilement une fleur égarée
Dans le chaos bovin, au milieu des kiwis.

Une pincée de sublime qui donnera au tout
Une saveur exquise accordant couleurs et goûts
Jonas succombe vite à ce parfum délicieux
Maori vénéneuse, il lui compte les yeux

Il oublie ce pays, il imagine cette fille,
Qui l’embrasse tendrement aux frontières du monde,
Ses reliefs, ses formes que ses yeux sourds inondent,
Beauté sauvage dans cette foule de vulgaires filles


Wellington. dans un bar, un samedi d´avril

vendredi 4 juin 2010

Jonas, moi et les chiens

Je voudrais rendre un hommage canin
À nos amis les chiens, éternels vagabonds
Qui nous ont suivis sur ces interminables chemins.
Dans chaque pays que nous traversons,
Pas un jour ne s’épuise sans qu’un cabot ne nous emboîte la patte.
Parfois un vieux boiteux, parfois un jeune fou ou bien quatre.

Noyons nous dans une foule bien immense, voilà, avec tous ces gens
Mélangeons nos odeurs avec celles des passants.
A quoi bon c’est nous qu’ils suivront. Ils nous suivront, ils nous suivent...
Chiens puants, chiens jaunes, chiens des quais, chiens de la casse, générations de chiens... Je crois que nous puons.

Une troupe de poils nous colle aux semelles au milieu des Moais, épouse nos zigzags, traversent nos rues, langues pendantes.
Au seuil d’une église patients et pieux ils patientent.

Un chien noir nous adopte sur la plage rose d’Anakena entre cent baigneurs.
Sur les crêtes, le long des falaises, nez tendu, en tête de peloton il s’improvise éclaireur.
Brave et fier, il nous montre le chemin, jusqu’à la ville chassant les taureaux qui apprécient peu que l’on traverse leur terrain.

Et que dire de ce chilien chien sur les routes de Valparaiso, aboyant toute personne qui nous croise sans dire mot?
Alors souvent on s’arrête au milieu du chemin: “ça suffit chien, fous le camp!” sans être non plus méchant.
Maintenant on salue les chiens: “Comment vas-tu chien?”
Il est devenu notre compagnon de voyage.
Alors quand on voit des gens qui passent sans même remarquer les chiens, on a honte pour leurs parents et les parents de leurs parents.


PS: Ce texte n´a pas d´explication particulière mais je cède à Jonas qui m´a demandé de le publier. C´est son préferé. Il me supplie de le lui lire au moins une fois par semaine

mardi 25 mai 2010

Entre deux îles nos coeurs balancent

Je redoutais le moment où il me fallait consacrer á la Nouvelle-Zélande quelques mots tant ce pays est extraordinairement varié et tant notre séjour sur ses terres fut intense.

La Nouvelle-Zélande, c´est un peu comme si une main artiste avait réussi la prouesse de réunir harmonieusement sur deux îles toute la beauté du monde; c'est un patchwork géographique; une boussole affolée; un hiver en été. On traverse les écosystèmes en á peine quelques kilomètres, passant de la forêt tropicale aux highlands dÉcosse; des fjords puissants aux plages turquoises de la Corse; des lacs scandinaves aux côtes bretonnes.


Avec Jonas on a surtout marché, pour découvrir avec humilité ce monde dans le monde. On a gravi, sous une pluie froide, le Routeburn, une montagne gorgée d'eau, dégoulinante, suintante de cascades et de lacs. Nos chemins se transformaient en torrents et diluaient nos corps dans le grandiose, avec la promesse d´une odeur cadavérique pour nos chaussures.


On a dormi au sommet, seuls, gelés et affamés, dans un abri précaire fouetté par une averse de marin, essayant en vain de sécher nos affaires plus humides encore le lendemain.


Un nescafé á l'eau de rivière; deux tartines au pain et on repart avec nos sacs et nos crampes pour 30 kms sous la flotte qui bénit notre éveil montagnard.

Ah oui. Pour l'anecdote, nous on fait ce genre de rando, l'un des neuf grands trecks du pays, en automne, par cinq degrés, avec nos shorts de bain Kooksilver achetés au Vietnam et les K-way Quechua à 4 euros 50.
Alors forcément, quand on croise des canadiens ou des suisses en combi de pluie intégrale, bâtons et crampons, on fait soit pitié soit sourire.


On redescend en courant le Routeburn, s'enfonçant dans son ventre humide et chaud, nombril de roche étouffé de fougères et de mousse, univers vert vorace. Le pays des merveilles.


Quelques jours auparavant, on plantait notre tente sauvagement, au milieu des herbes hautes, à proximité d ún troupeau de cerfs, face à la splendeur du monde. Pour nous seuls. La pleine lune écalirait notre discussion. On a refait le monde devant ce qu íl offrait de plus majestueux.


La Nouvelle-Zélande c´est aussi l'expérience du stop, du hitch-hike. De Queenstown à Greymouth: plus 400 de kms; douze voitures; trois vans; un minibus de saut à l'élastique; cinq nationalités; treize blagues écossaises dont douze incomprises; seize rencontres incroyables dont un illuminé qui téléphone à Jésus (d'ailleurs toi aussi tu peux le joindre si tu le veux vraiment) et des heures sur le bord des routes, où l'on danse où on lit, où on espère.



Nous avons remonté ainsi la côte ouest, plongés dans un décor surréaliste, à la fois bouleversant et terrifiant. Ici la nature a carte verte. Elle a décidé de ne pas faire dans le demi-mesure.

Je ne peux oublier la gentillesse des gens. Ces habitants du bout du monde, qui se cachent au fond de la planisphère sur une bande de terre envahie de moutons, onze fois plus nombreux. On ne peut qu'aimer leur sourire franc, leur humour décalé et leur hospitalité naturelle. Ce sont des curieux. Il n'est pas rare qu'une caissière de supérette nous questionne sur ce que l'on veut cuisiner avec les trois poivrons, les quatre tomates et l'oignon qui défilent sur le tapis.

On oubliera cependant leurs fromages et l'idée de picoler sur la voie publique. Un soir de détente sacrifié dans les rues de Christchurch, on savoure entre deux blagues pétillantes une bière dans un sac en papier. Le portier d'un resto nous interpelle. "Si les flics vous voit les mecs, ils peuvent vous embarquer au poste." Oh Thank you. Bien sur on finira la mousseuse, histoire d´engloutir l´infraction. Ce puritanisme obscurcit quelque peu l'image idyllique du pays dans lequel la bière coule à flot...

Le départ approche.

Comment se fait-il qu'un si beau pays, si agréable soit si peu peuplé ? "Les gens l'ignorent me répond un fermier qui nous amène au pied du treck d'Abel Tasman. Mais chut! c'est un secret."

lundi 3 mai 2010

Fin du blog...




Je m'autorise ce dernier message sur mon blog pour vous annoncer que ce dernier vit ses derniers mots...

La fin d'une belle épopée, la fin d'une philosophie, mais aussi la fin de la faim...

Main joueuse, main heureuse, Nous venons de gagner au loto une somme TajMahalesque, une somme avec autant de zéros que de dongs sur un billet vietnamien...

Nous avons donc décidé d'adopter un mode de vie disons plus... aisé, plus bourgeois.



Adieu les manouches australiens, adieu les soupes chinoises à 2 francs, adieu les sacs à dos, les réunions dans les locaux miteux du PC...
Maintenant, place aux pourboires des bagagistes; aux réunions cocktails du Sofitel; aux massages à l'huile de goyave; aux courses de jet ski; aux croisières qui s'amusent; L'argent passe et les meilleurs...

Alors évidemment je n'aurai plus de temps à consacrer au blog, j'en suis navré mais c'est ainsi. C'est un truc de pauvre. A bas les pauvres et vive Frédéric Lefebvre

vendredi 30 avril 2010

12 jours sur les routes australiennes

« Stand clear of the closing doors please ! » Le métro s’enfuit en direction de Circular Quay. Plongé dans le vaste océan de ses pensées, Jonas s’agrippe à la barre métallique sur laquelle danse un ballet de mains.

Nos souvenirs et les stations défilent. Les corps sont muets, le silence nous embrume, le silence mécanique du wagon qui fuse au cœur de Sydney, le silence des gens, ces gens qui nous ressemblent tellement malgré les milliers de kilomètres qui séparent leur continent de notre petit pays.

Le spectacle qui nous cueille lorsque nous franchissons l’écran de lumière parait irréel. Le pont, les quais, la mer et l’opéra…


Il est dix heures, les rues de la riche cité australienne sont désertes. Assis sur nos compagnons de route, ces kilos de voyage, de vie et de souvenirs qui nous rongent les épaules, nous attendons Vincent, mon ami toulonnais.
Arrivé à Sydney quelques jours auparavant, Vincent va savourer l’aventure australienne avec nous.



Circular quay s’anime. Un ferry jaune et vert déverse à nos pieds une marée d’humains. Etudiants, hommes d’affaires et joggers nous croisent d’un pas décidé, dans un silence assourdissant. Seuls quelques talons de femmes témoignent de la vie d’une cité qui s’éveille à peine. Le contraste avec le tourbillon de sens de l’Asie où les couleurs et les sons se répondent nous déstabilise.

Vincent nous rejoint enfin, armé de son sac et d’un large sourire. Tant de choses à se dire ! Les questions se croisent, les rires se bousculent et se mêlent dans le plus grand chaos.
Dans l’auberge de jeunesse, nous réunissons nos états majors pour établir carte sur table notre plan de bataille pour les jours à venir. Charlie alpha kangourou. Départ de Sydney dans deux jours, direction Blue Mountains, une percée héroïque dans la Hunter Valley, puis nous gagnerons la côte par le flanc !

Nous profitons encore quelques jours de Sydney, l’exotique cosmopolitaine. C’est une ville parfaite. Presque trop parfaite. Chaque bâtiment, chaque jardin, chaque parc se fond dans une harmonie fascinante.
La vie s’écoule paisiblement, les gens sont zens, le métro aérien transperce l’ombre des buildings, les foules traversent les rues en diagonale, les jeunes montent planche sous le bras dans les bus de la côte, les ferries serpentent entre les baies ensoleillées, Vincent, Jonas et moi-même nageons dans la grasse pelouse de Botanic Garden, sous les oiseaux tropicaux.

Mes deux compagnons découvrent Sydney. Pour ma part je l’ai rencontrée il ya dix ans, dans une ferveur singulière, puisque l’on y célébrait le millenium dans une orgie de feux d’artifice.

Cette métropole du bout du monde, encore adolescente, porte sur elle les traces de son passé colonial. Policée, ordonnée, puritaine, sa respiration est britannique. Dynamique, sportive, entraînante, elle transpire l’Amérique.

Très vite, un triste constat s’impose à nous. On ne voit pas d’aborigènes. En plus de dix jours, nous n’en n’avons croisé qu’une poignée : pauvres, isolés, exclus d’une société occidentale qui s’enorgueille pourtant de leur art, transforme en carte postale une culture exterminée il y a plus d’un siècle, désormais reléguée à vendre des disques de didjerrido mixé à la techno sur les quais .

Road Trip : c’est parti !

Le break est enfin entre nos mains. Nous sommes excités à l’idée de cette traversée fantastique. Nos yeux ont usé les cartes routières. Il faut domestiquer l’animal automatique. Jonas se sacrifie pour un rodéo britannique. La vigilance s’impose sur ces routes inconnues, volant à droite, voie de gauche…

Premier carrefour, notre dévoué conducteur met un coup de lave glace ; même la position des clignotants est inversée. Deuxième intersection, et nous voilà sur la voie de droite, défiant un troupeau de voitures. Fous rires nerveux.

On quitte enfin Sydney pour les Blue Mountains. Nous arrivons la nuit tombée entre Gleenbrook et Katoumba (elle danse tous les soirs) au cœur d’un parc naturel, remettant le grandiose au lendemain. Sur le grand parking du parc où dorment déjà quelques vans de backpakers, nous passons notre première nuit de road trip à l’arrière de la voiture.

Nous partons au petit matin (10h30) à l’assaut de ce paysage unique au monde. Suspendue au dessus de forêts d’eucalyptus, une brume bleue envahit la vallée, lui donnant une teinte mystique.


Nous nous enfonçons profondément au cœur de cette jungle à la végétation démesurée, avalés par les fougères géantes, les lianes (en folie), esseulés au milieu des chutes d’eau, des gommiers et des rires de cacatoès…
Après cinq heures de descente, nous arrivons au fond de la vallée, devant une gigantesque cascade, cliché du paradis terrestre. Nous sommes seuls. Malgré le froid, Vincent quitte ses vêtements, se transforme en homme Dim, et se jette dans l’eau trouble.




Hunter Valley

La nature ça va un temps. Place à la civilisation, à la culture, au patrimoine, à l’art du palais… Longs en bouche, nez devant, nous partons pour la Hunter Valley, la vallée du vin. Nous buvons d’une traite les hectares de vignobles qui nous séparent de Cessnock, domaine réputé, pour arriver juste à l’heure de la dégustation.

Vincent, fin connaisseur, divague effervescent sur les jambes et ménisques des liqueurs qu’il déguste, lit dans les larmes et s’amuse à regarder sous les jupes des filles qu’il fait valser dans son ballon. Il fait parler le vin, aiguise son palais, pendant que Jo anesthésie le sien en achevant toutes les couleurs qui traînent imprudentes sur le comptoir.



Nous sommes inscrits pour la visite de 14h. Bientôt la Winerie de Cessnock nous livrera ses mystères. Nous profitons de ce temps (ivre) mort pour casser la croute, dans l’entrée, entre deux Mercedes, où nous déballons sans honte notre attirail de camping.

Seal Rock

Au détour d’un virage Seal Rock montre le bout de son cap, de sa péninsule. De longues plages sauvages, lavées par les vagues, s’échouent au pied de falaises ocres et rugueuses. L’océan s’écrase plus bas, nous brulant les yeux de son bleu insolent. Il crache son écume avec force, déchainé de beauté. Furieux pacifique…



Nous abandonnons le temps sur le sable (Jonas son maillot) pour aller affronter ces vagues grasses, ces avalanches de sel. En revenant de la plage, nous rencontrons Virginie, cachée derrière son longboard, jeune étudiante française exilée en fac de surf ou surfeuse importée en fac australienne, bref un peu de tout ça, et avec qui nous passerons notre dernière soirée à Sydney.

Le soir, sur l'asphalte, on partage entre amis le repas du soir, près de la plage, à cinquante mètres d’un camping dans lequel nous ne dormirons pas. Six jours que nous portons les mêmes habits, que nous dormons dans la voiture entre réchauds et bagages ; six jours que les toilettes publics nous servent de douche et de bac à vaisselle ; Six jours comme des manouches sans guitare.

Il est temps de redescendre la côte vers les dunes d’Anna Bay. Je prends le volant pour mon baptême de conduite anglaise, ou pour ceux qui préfèrent une image hédoniste (spéciale Onfray), mon dépucelage britannique.

mercredi 24 mars 2010

Du kangourou au kiwi

Le voyage a dévoré mes ambitions d'écriture aussi rapidement que Jonas dévore une boite de cookies.
Les images, les rencontres, les émotions s'enchainent a une vitesse folle au point d'asphyxier le temps du récit. J'ai encore la tête au Vietnam alors que mes pieds parcourent déjà le pont de la rivière Kwai au nord de la Thailande...

Je suis maintenant en Nouvelle-Zélande. Il y a deux jours j'étais a Sydney ! (ouuh Govou)
J'ai l'impression d'avoir vécu cent routes, parcouru cent vies en une poignée de semaines. Jonas et moi-même redoutions l'idée de ce rythme effréné.
En réalité l'expérience est grisante. Indigestion émotive. Saturation des sens.

J'ai délaissé le blog c'est vrai... Me voila désormais contraint de passer du kangourou au kiwi.

Les derniers jours vietnamiens furent éblouissants. Alors que Jonas filait vaillamment vers Ho Chi Minh, je suis resté avec Niklas et Viktor a Hoi Han quelques jours.
Hoi Han est une ville touristique, mais une ville délicieuse. De longues plages inégales bordent la côte, les plages d'une mer métallique, la mer de Chine... Dans la chaleur tiède du soir, familles et amis s'y réunissent pour dîner à la lueur des bougies, assis sur de grands tapis rouges.
Plus loin la route,lavée par le sable, se rétrécit et devient plus difficile. Elle mène à l'embarcadère de l'île de Cham.

J'ai passé quatre jours sur cette île de pêcheurs en compagnie de la doublette suèdoise. C'est un paradis terrestre, une beauté sauvage, exotique. Ses plages jalouses nous ont retenus plus longtemps que prévu. Cham ne tolère qu'un petit village, son marché, son école et sa pagode. J'ai eu un coup de foudre insulaire.
Qu'est ce qu'on peut bien faire sur une île presque déserte en compagnie de deux suédois?


Bronzage et farniente? Evidemment. Sauf qu'on a tente le bronzage allemand (du bist rot mein herr) par la grâce d'une crème solaire made in Vietnam, laboratoire Grandier, indice 90 waterproof a base d'huile de napalm;
On joue au foot avec une dizaine de mômes envahissant les plages à la fin de l'école;
On parle avec Pierce Brossman (et sa femme Marie...) de la culture vietnamienne et du dernier James Bond (non je déconne)
On chante "la vie ne vaut rien" de Souchon micro à la main devant une cinquantaine de milliardaires vietnamiens qui se réunissent sur les plages de Cham pour y célébrer, autour d'un grand feu, la nouvelle année (ça c'est vrai par contre...)
On passe la nuit dans des hamacs sous un tapis de crabes... (que Niklas mange vivants; vraiment pas tranquilles ces scandinaves); et on déguste des paniers de coquillages au petit dèj.

Une fois de plus on ne voulait pas partir. Mais toutes les bonnes choses ont un fin. La traversée houleuse, ça tangue et ça gicle. Les mines sont ternes, les yeux sur le sol, les ventres secoués. Pour nous ça va, ça rigole, ça parie même. Une bière sur le prochain malade! Le prochain champion gastrique, au jet magnifique, mêlant son repas à l'écume, au grand bonheur de la cruelle engeance et des poissons. "Oh she did!"
Nous regagnons le centre en Minsk, ces vigoureuses motos soviétiques avec autant de gueule que de kilomètres.




Je rejoins le lendemain Jonas à Saigon, après 17 heures de sleeping bus (couchettes de 1m12....certainement un bus de hobbits) et une heure de galère pour trouver son hotel. Je traverse la ville à pied avec mon gros sac sur le dos, dégoulinant jusqu'aux doigts tenant le papier sur lequel figure l'adresse diluée. En traversant la route, mon sac accroche un câble électrique, entraînant avec lui l'enseigne d'un salon de coiffure qui se fracasse par terre. Je me fais incendier de jurons par une demi-douzaine de vietnamiennes sorties de la boutique. (je perds 50dB. L'année prochaine je suis dans la classe de Jonas).
Je trouve enfin la ruelle de l'hôtel. Je reconnais tout de suite Kimberley, la vieille russe, fidèle compagne à l'oeil ruiné, gueule d'Oural, une affiche collée aux côtes.
Je croise Jo dans le Hall. Il commençait à flipper de ne pas me voir arriver. Nous asseyons notre amitié dans un bar, devant une bière à 30 centimes, entre anecdotes de voyage et fous rires.


Retrouvailles de courte durée. Le lendemain je quitte nostalgique le Vietnam pour Bangkok. Bangkok la furieuse, la ville de tous les excès.
Le bus me dépose à Koasan Road. Un glaire craché au milieu de pagodes magnifiques. Je déteste ce coin. Mais ca vaut le coup d'oeil. L'atmosphère est malsaine. La rue est bondée de touristes. Ca pue le fric. Seuls sont thailandais les vendeurs de Nike, de caleçon Calvin Klein et de shorts Quicksilver. De vieux occidentaux font leur shopping sexuel. Une rue sponsorisée, un mélange de techno parade, d'alcool et de prostitution. L'antithèse de l'authentique.

Je traverse le lendemain la ville a pied et en bateau, parcours les marchés, les lieux cultes. La vraie Bangkok est pleine de charme. Je sympathise avec un autrichien, Walter, avec qui j'assiste à un incroyable festival de danse traditionnelle en fin d'après-midi.

Il me reste 3 jours avant mon départ pour l'Australie. Je décide donc de partir a Kanchanaberi, lieu historique puisque c'est dans ce village que fut construit, détruit, recontruit le pont de la rivière Kwai. (the bridge over the river Kwai... petite dédicace)
L'auberge où l'on me dépose longe la rivière. Irréel. Je passe la nuit sur une maison flottante. Un rêve de gosse.



Ma première pensée va évidemment à Jonas. Je suis triste qu'il ne soit pas là, il aurait adoré. Je pose mes affaires et plonge dans l'onde chargée d'histoire et d'algues. Je fonce ensuite voir le pont. Le soleil se couche doucement sur Kwai river, un vieil homme joue la musique du film culte au violon. J'ai envie de suivre la voie de chemin de fer infiniment. Un groupe de japonnais me prend en photo avec eux (j'ignore toujours pourquoi mais je rigole encore en y pensant, surtout quand on a fait le tchoutchou).



Le soir je parcours le village déserté. Des ados jouent au foot au pied du pont. Ils m'invitent a rentrer dans le match. Je me donne a fond. 26e minute, je récupère un ballon, dribble la défense et fait trembler les filets (le mur). Maillot sur la tête, bras écartés ( Pauleta, l'aigle des Acores). Tour de stade... Les gamins sont morts de rire, ils applaudissent. Ces petits enfoirés miment ensuite mon show pour n'importe quelle action. Je suis fusillé, je rentre me coucher sur l'eau, les pieds en sang, incrustes de morceaux de verre. En pleine nuit je me réveille en panique. Un tremblement de terre? Non, un bateau qui passe...

Je passe ma dernière journée dans le parc national. Dans les sublimes cascades turquoises qui s'étendent sur 7 niveaux. Je dilue les heures dans l'eau.



Les gros poissons gris qui m'entourent ne se gênent pas pour déguster mes jambes en sushi.

Je rentre le soir a Bangkok rejoindre une nouvelle fois mon acolyte enfin arrivé. Nous sommes le 10 mars. Vol pour Sydney à 17h10. Vincent, mon pote toulonnais, nous attend déjà la-bas...

samedi 27 février 2010

Beach soccer

Hier soir, reglement de compte footballistique sur les plages de Hoi Han avec Viktor et Nicklas... France 5 - 3 Suede. Ouuuuuh Govouuu !!