"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant où l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses" (Milan Kundera, La vie est ailleurs)

lundi 14 juin 2010

Ils ont volé Barbie Jef

Iguazu, Argentina.

Nous revenons du Brésil. Une parenthèse aquatique, un rêve terrestre. Nous revenons des chutes d'Iguazu. La beauté n'a pas de pourquoi. Elle est devant nous,assourdissante. Elle nous engloutit sous ces masses d'eau que l'on regarde tomber sous les arcs en ciel saturés de couleurs.
Une beauté brute, puissante, effrayante. On boit des yeux ce paysage pendant des heures, contemplatifs. Deux enfants...

De retour en Argentine, à Puerto Iguazu, une ville sans charme, on laisse ce rêve géographique derrière nous et l'on decouvre le cauchemar de notre bonne réalité de routard: pendant notre absence, nos collacataires de chambrée, trois jeunes argentins de la Plata, vampires de night club, sortant la nuit et se cachant sous les draps au lever du soleil ont deserté les lieux.
Ils ont pris le soin quelques heures avant de fracturer nos casiers et de dérober notre maigre butin d'argent et de souvenirs.

Mais ils ont fait cela dans les règles. Nos gros sacs ont été certes fouillés mais ensuite reconstitués et même refermés avec soin.

Les photos des porte-feuilles ont été extraites et laissées dans les casiers (sentimentaux les ptits gars)
Pourquoi, en revanche, nous voler mon caleCons Puma du Vietnam à 10 centimes et le short "kooksliver" de Jonas(qui lui faisait le cul de Miss Dominique).

Mais le bouquet(Carole), c'est le vol intolérable de notre mascotte.
Non là c'est insupportable! Pas Barbie Jef !

Depuis Tahiti Barbie Jef nous accompagne sur les routes, accrochée au sac de Jonas, entre la gourde et la boussole, capitaine de notre galère.

Elle faisait notre fierté. Elle était notre ménage à trois, notre coquine-pocket, notre Mariane moderne, loin des Ken et des BMW, femme libérée, affichant au monde sa nudité plastique. Tes formes célestes t'ont trahie pauvre poupée... Ils n'ont pas su resister.

Où es tu Barbie Jef? Prostituée dans les favelas de Rio?

Torturée par des mercenaires en attente de ranCon?

Vendue à des enfants riches, des enfants cruels qui te martyrisent, qui te travestissent et te coupent ces jolies mèches rebelles, celles qui te donnaient ce charme éléctrique?

Ou es-tu notre beauté vulgaire? Tu pries dans la jungle?
Nous n'avons même pas pu te mentionner dans le procès verbal dressé par la police, un vrai scandale! Mais que fait la police?

Nous allons diffuser sa photo. Si quelqu'un sait quelque chose, le moindre indice, merci de nous contacter.

vendredi 11 juin 2010

Les bleus dans les yeux

Aujourd'hui débute la Coupe du Monde... Difficile d'échapper à cet évènement.
Alors oui, avec Jonas nous avons décidé de vivre le premier match de l'équipe de France à Montevideo, en Uruguay, chez l'adversaire. Avec le risque de goûter à la violence sud-américaine, et de revenir couverts de bleus.

Nous allons essayer de choper l'envoyé spécial de TF1. OUi Patrickkkk

Bon match, Ouhhh Govouuuu

samedi 5 juin 2010

Aux frontières du monde

Choisissez une nuit bleue de sueur et d’alcool,
Sa robe blanche tachée de lumière et de danse.
De préférence un samedi aux rues mures et denses
De jambes pressées et de sourires que l’on vole

Ajoutez musique, jupes et pourquoi pas des cons,
Pour un mélange crédible, un décor réel.
Versez deux français ayant loupé leur avion
Qui brassent le désordre, le citron et le sel.

Ils célèbrent ce pays, ils célèbrent ses îles
Qui s’embrassent tendrement aux frontières du monde
Ses reliefs, ses formes que leurs verres sourds inondent
Beauté sauvage dans cette foule de vulgaires filles

Saupoudrez d’euphorie le four de la nuit
Que s’excitent les corps sur le sol sucré
Fondre subtilement une fleur égarée
Dans le chaos bovin, au milieu des kiwis.

Une pincée de sublime qui donnera au tout
Une saveur exquise accordant couleurs et goûts
Jonas succombe vite à ce parfum délicieux
Maori vénéneuse, il lui compte les yeux

Il oublie ce pays, il imagine cette fille,
Qui l’embrasse tendrement aux frontières du monde,
Ses reliefs, ses formes que ses yeux sourds inondent,
Beauté sauvage dans cette foule de vulgaires filles


Wellington. dans un bar, un samedi d´avril

vendredi 4 juin 2010

Jonas, moi et les chiens

Je voudrais rendre un hommage canin
À nos amis les chiens, éternels vagabonds
Qui nous ont suivis sur ces interminables chemins.
Dans chaque pays que nous traversons,
Pas un jour ne s’épuise sans qu’un cabot ne nous emboîte la patte.
Parfois un vieux boiteux, parfois un jeune fou ou bien quatre.

Noyons nous dans une foule bien immense, voilà, avec tous ces gens
Mélangeons nos odeurs avec celles des passants.
A quoi bon c’est nous qu’ils suivront. Ils nous suivront, ils nous suivent...
Chiens puants, chiens jaunes, chiens des quais, chiens de la casse, générations de chiens... Je crois que nous puons.

Une troupe de poils nous colle aux semelles au milieu des Moais, épouse nos zigzags, traversent nos rues, langues pendantes.
Au seuil d’une église patients et pieux ils patientent.

Un chien noir nous adopte sur la plage rose d’Anakena entre cent baigneurs.
Sur les crêtes, le long des falaises, nez tendu, en tête de peloton il s’improvise éclaireur.
Brave et fier, il nous montre le chemin, jusqu’à la ville chassant les taureaux qui apprécient peu que l’on traverse leur terrain.

Et que dire de ce chilien chien sur les routes de Valparaiso, aboyant toute personne qui nous croise sans dire mot?
Alors souvent on s’arrête au milieu du chemin: “ça suffit chien, fous le camp!” sans être non plus méchant.
Maintenant on salue les chiens: “Comment vas-tu chien?”
Il est devenu notre compagnon de voyage.
Alors quand on voit des gens qui passent sans même remarquer les chiens, on a honte pour leurs parents et les parents de leurs parents.


PS: Ce texte n´a pas d´explication particulière mais je cède à Jonas qui m´a demandé de le publier. C´est son préferé. Il me supplie de le lui lire au moins une fois par semaine