"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant où l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses" (Milan Kundera, La vie est ailleurs)

samedi 27 février 2010

Beach soccer

Hier soir, reglement de compte footballistique sur les plages de Hoi Han avec Viktor et Nicklas... France 5 - 3 Suede. Ouuuuuh Govouuu !!

mardi 23 février 2010

horizons asiatiques

Passer de Vanarasi a Hanoi; du Gange au paisible fleuve Song; du bouillonnement indien a la tranquilite asiatique, est une experience singuliere...
Egares dans les rues de Hanoi, entre chapeaux coniques et cyclopousses, nous decouvrons un tout autre univers. Nos reperes, nos habitudes se diluent dans la nuit moite vietnamienne et ses vapeurs de soupe. La capitale semble bien paisible lorsqu'on la compare, bien que l'exercice soit perilleux voire impossible, a l'enfer de Dehli.


La ville prepare le Tet, nouvel an lunaire, fete de la premiere aurore, durant laquelle les ames de morts reviennent sur terre.
Nous laissons Hanoi quelques jours pour la fameuse Baie d'Halong, en compagnie de Viktor et Niklas, les deux sacres suedois, compagnons de route de Jonas en Mongolie et Russie. Apres 3, 4 heures de bus et un arret dans un parc a touriste, nous embarquons enfin (depourvus helas de t-shirt "I love Vietnam").

Blottie entre les ilots rocheux qui transpercent franchement la mer, notre jonque jette l'ancre pour la nuit. La baie plonge soudainement dans une obscurite lumineuse. Les dizaines de bateaux qui sommeillent tout autour, points de vie scintillants dans cet univers mineral, illuminent de leurs feux orangers eaux et rochers.

De retour a Hanoi, nous avons donc le privilege de vivre le Tete au coeur de la capitale. En quelques minutes nous nous retrouvons coinces au milieu d'une foule dense, etouffante, mais d'un calme surprenant, qui se dispersera dans ce meme calme. Demonstration de la place de l'ordre et du communisme d'etat ?


Le lendemain Julien dore (Viktor) Niklas et Jo partent pour le Sud et ses richesses. Epuises par le froid siberien, ils revent de soleil et de tongs.



De mon cote je decide de partir seul au Nord, precisement au lac Ba be, un endroit preserve du tourisme tant il est difficile d'acces.
Apres 4 bus locaux bondes, 3 patelins paumes, 9h de trajet dont 5 sur un demi-siege, 2796 virages et 25 minutes de moto, le lac apparait soudain, eclaboussant sa beaute vierge.


J'arrive a Pac Ngoy, un petit village Thai de 300 habitants, au bord du lac. Je loge chez l'habitant, Monsieur Duy Tho, dont le large sourire envahit le visage jusqu'aux yeux. Il a trois filles et un petit garcon de 12 ans. Ils paraissent tous beaucoup plus jeunes. Aucun ne parle anglais ou francais, bien que Monsieur Tho connaisse les mots "manger"; "velo";"sante" et "cul-sec". En bref, un petit lexique pratique de convivialite, dont j'ai alcooliquement fait les frais. A ce titre, l'heure du the, qui revient trop souvent (et fait pisser le temps), est en realite un pretexte pour sortir l'alcool de riz. Autant prevenir tout de suite qu'il est bien difficile de refuser la liqueur traitre. Le village tout entier vient trinquer avec moi. "Chuc mon nam moi!" "bonne annee!" et encore un verre; "Chuc suc cue!" "sante!" et vas-y que ca coule encore!


Je reussis a m'evader de cet enfer ethylique pour partir en velo sur les routes de terre pourpre, traversant les villages sous les cris des enfants et les sourires edentes des anciens. Sourire franc, sourire timide, sourire amuse, sourire gene, sourire toujours, quete aux sourires. Jamais je n'ai rencontre autant de gentillesse.
Chaque villageois cultive un morceau de terre, ou poussent choux, mais, Bambous et riz, a l'aide de buffles vigoureux.
J'assiste meduse a ces moments de vie, ces scenes ancestrales, que la modernite n'ose encore egratigner, bien qu'elle soit aux portes de ce paradis terrestre.
Le lendemain je pars pour un trek dans les montagnes, en compagnie d'un guide. Je m'enfonce avec lui dans la jungle vietnamienne, grimpant la montagne jusqu'a de vastes plateaux, sur lesquels sont disperses de petits villages thai. Une fois n'est pas coutume, nous nous arretons plusieurs fois pour boire le the et ses soldats liquoreux.
Je partage l'essence du grimpeur avec un Veteran de la guerre, fier de me montrer sa carte de l'armee, de bien decide a me fusiller, bouteille a la main. Chaque verre vide est instantanement rempli par mon colonel. Toute tentative d'evasion, de dissimulation est vouee a l'echec et severement reprimee de coups (et culs) secs. On l'a fait pas a un ancien Vietkong...

Randonner au Vietnam c'est faire la tournee des bars de Munich. Je rentre saoul au village.
Je reste ainsi 5 jours dans cette oasis de tranquilite, sans croiser une ame occidentale, partageant les repas avec la famille, assis en tailleur sur les tapis de bambou. Le partage dans ces contrees est une valeur primordiale. Le repas est dispose au milieu et chacun pioche a sa guise dans les petites assiettes de divers mets savoureusement prepares. Il m'a ete impossible d'offrir quelque chose sans recevoir autant voire d'avantage en retour. Chaque biscuit se transforme en chewing-gums, en cigarettes ou confiseries locales...
Je suis heureux d'avoir trouve ce Vietnam authentique, loin des sites touristiques. Quant au lac, c'est une perle sauvage, sa traversee suspend le temps.


Je ne dois pas rater le bus de 7h... Je quitte Pac Ngoy le coeur serre. Je reviendrai c'est certain.