"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant où l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses" (Milan Kundera, La vie est ailleurs)

mardi 25 mai 2010

Entre deux îles nos coeurs balancent

Je redoutais le moment où il me fallait consacrer á la Nouvelle-Zélande quelques mots tant ce pays est extraordinairement varié et tant notre séjour sur ses terres fut intense.

La Nouvelle-Zélande, c´est un peu comme si une main artiste avait réussi la prouesse de réunir harmonieusement sur deux îles toute la beauté du monde; c'est un patchwork géographique; une boussole affolée; un hiver en été. On traverse les écosystèmes en á peine quelques kilomètres, passant de la forêt tropicale aux highlands dÉcosse; des fjords puissants aux plages turquoises de la Corse; des lacs scandinaves aux côtes bretonnes.


Avec Jonas on a surtout marché, pour découvrir avec humilité ce monde dans le monde. On a gravi, sous une pluie froide, le Routeburn, une montagne gorgée d'eau, dégoulinante, suintante de cascades et de lacs. Nos chemins se transformaient en torrents et diluaient nos corps dans le grandiose, avec la promesse d´une odeur cadavérique pour nos chaussures.


On a dormi au sommet, seuls, gelés et affamés, dans un abri précaire fouetté par une averse de marin, essayant en vain de sécher nos affaires plus humides encore le lendemain.


Un nescafé á l'eau de rivière; deux tartines au pain et on repart avec nos sacs et nos crampes pour 30 kms sous la flotte qui bénit notre éveil montagnard.

Ah oui. Pour l'anecdote, nous on fait ce genre de rando, l'un des neuf grands trecks du pays, en automne, par cinq degrés, avec nos shorts de bain Kooksilver achetés au Vietnam et les K-way Quechua à 4 euros 50.
Alors forcément, quand on croise des canadiens ou des suisses en combi de pluie intégrale, bâtons et crampons, on fait soit pitié soit sourire.


On redescend en courant le Routeburn, s'enfonçant dans son ventre humide et chaud, nombril de roche étouffé de fougères et de mousse, univers vert vorace. Le pays des merveilles.


Quelques jours auparavant, on plantait notre tente sauvagement, au milieu des herbes hautes, à proximité d ún troupeau de cerfs, face à la splendeur du monde. Pour nous seuls. La pleine lune écalirait notre discussion. On a refait le monde devant ce qu íl offrait de plus majestueux.


La Nouvelle-Zélande c´est aussi l'expérience du stop, du hitch-hike. De Queenstown à Greymouth: plus 400 de kms; douze voitures; trois vans; un minibus de saut à l'élastique; cinq nationalités; treize blagues écossaises dont douze incomprises; seize rencontres incroyables dont un illuminé qui téléphone à Jésus (d'ailleurs toi aussi tu peux le joindre si tu le veux vraiment) et des heures sur le bord des routes, où l'on danse où on lit, où on espère.



Nous avons remonté ainsi la côte ouest, plongés dans un décor surréaliste, à la fois bouleversant et terrifiant. Ici la nature a carte verte. Elle a décidé de ne pas faire dans le demi-mesure.

Je ne peux oublier la gentillesse des gens. Ces habitants du bout du monde, qui se cachent au fond de la planisphère sur une bande de terre envahie de moutons, onze fois plus nombreux. On ne peut qu'aimer leur sourire franc, leur humour décalé et leur hospitalité naturelle. Ce sont des curieux. Il n'est pas rare qu'une caissière de supérette nous questionne sur ce que l'on veut cuisiner avec les trois poivrons, les quatre tomates et l'oignon qui défilent sur le tapis.

On oubliera cependant leurs fromages et l'idée de picoler sur la voie publique. Un soir de détente sacrifié dans les rues de Christchurch, on savoure entre deux blagues pétillantes une bière dans un sac en papier. Le portier d'un resto nous interpelle. "Si les flics vous voit les mecs, ils peuvent vous embarquer au poste." Oh Thank you. Bien sur on finira la mousseuse, histoire d´engloutir l´infraction. Ce puritanisme obscurcit quelque peu l'image idyllique du pays dans lequel la bière coule à flot...

Le départ approche.

Comment se fait-il qu'un si beau pays, si agréable soit si peu peuplé ? "Les gens l'ignorent me répond un fermier qui nous amène au pied du treck d'Abel Tasman. Mais chut! c'est un secret."

lundi 3 mai 2010

Fin du blog...




Je m'autorise ce dernier message sur mon blog pour vous annoncer que ce dernier vit ses derniers mots...

La fin d'une belle épopée, la fin d'une philosophie, mais aussi la fin de la faim...

Main joueuse, main heureuse, Nous venons de gagner au loto une somme TajMahalesque, une somme avec autant de zéros que de dongs sur un billet vietnamien...

Nous avons donc décidé d'adopter un mode de vie disons plus... aisé, plus bourgeois.



Adieu les manouches australiens, adieu les soupes chinoises à 2 francs, adieu les sacs à dos, les réunions dans les locaux miteux du PC...
Maintenant, place aux pourboires des bagagistes; aux réunions cocktails du Sofitel; aux massages à l'huile de goyave; aux courses de jet ski; aux croisières qui s'amusent; L'argent passe et les meilleurs...

Alors évidemment je n'aurai plus de temps à consacrer au blog, j'en suis navré mais c'est ainsi. C'est un truc de pauvre. A bas les pauvres et vive Frédéric Lefebvre